Confection d’une barboteuse
Aujourd’hui, j’ai décidé de vous raconter la petite histoire de la barboteuse de la collection “Pois Plume”.
Pourquoi ?
- Parce que vous avez le droit de savoir ce que vous achetez, parce que les vêtements Pikiboo ne sont pas pas seulement des “articles”
- Parce que ces vêtements ont un prix, un prix que quelque fois on ne comprend pas, qu’on trouve “un peu cher”.
Un peu cher, par rapport à quoi ? C’est ça qu’il m’intéresse toujours de savoir.
On peut s’imaginer qu’un vêtement, c’est du tissu, du fil, et voilà.
Mais un vêtement fait main, ce n’est pas tout à fait ça.
Un vêtement bébé cousu main, c’est d’abord beaucoup de patience et de minutie, parce que les pièces sont si petites que le moindre défaut sera visible.
Un vêtement bébé cousu main, c’est aussi du temps passé à sélectionner les matières premières qui composeront ce vêtement.
Faire attention à leur qualité, mais aussi à leur mode de fabrication (teintures, commerce équitable…), choisir les associations de couleurs, les accessoires… prendre en compte toutes les normes concernant la sécurité du vêtement (et dieu sait qu’il y en a des normes à respecter lors que l’on coud des articles destinés aux bébés et enfants).
Beaucoup de temps passé avant même de commencer à coudre.
Pour ma part, j’imagine d’abord le nom d’une collection, ses patrons et je pars ensuite à la recherche des tissus que j’ai déjà dans la tête bien souvent 🙂
C’est comme cela que la barboteuse de la collection “Pois Plume” est née.
Une fois que j’ai choisi les tissus et les patrons qui composeront la collection, j’attaque ce que l’on appelle “les toiles”.
Une toile, c’est un prototype du modèle que l’on fait tout d’abord dans un tissu similaire mais de moins bonne qualité et moins cher.
Il nous permet de rajuster le patron, de vérifier que tout va bien, de nous entraîner sur les passages difficiles afin d’être totalement prêt lorsque l’on attaquera le 1er modèle sur le bon tissu.
Quelque fois, une toile suffit… quelque fois, il en faudra plusieurs et retravailler le patron entre chaque toile pour faire les réajustements nécessaires.
Tout cela, vous ne le verrez jamais, non pas que je vous le cache, mais simplement parce que vous, ce que vous achetez, c’est le modèle fini.
Mais cette étape est pourtant une des plus importante, celle qui prend souvent beaucoup de temps.
Mais passons à cette petite barboteuse en 3 mois !
Aujourd’hui, je vous amène dans mon monde, dans un monde où l’on est plein de rêves, dans un monde où la douceur est reine.
Vous êtes prêts ?
Confection de la barboteuse “Pois Plume”
J’ai tout d’abord lavé et repassé mon tissu.
Etape primordiale pour faire du bon travail (oui, le fer à repasser n’est jamais loin lorsque l’on coud) avant de couper :
- 2 pièces pour le devant
- 1 pièce dos
- 2 pièces pour l’entrejambe que l’on pourra ouvrir avec des pressions
- 2 manchettes
Soit 7 pièces en tout, ce à quoi on rajoutera 6 bandes de biais que j’ai fait dans un coton tissé fushia.
Le biais fait main
Le biais, comme son nom l’indique, est coupé dans le biais du tissu (soit, en un angle de 45° par rapport au bord du tissu qu’on appelle la lisière).
Pourquoi couper le tissu de cette façon ?
Pour que l’on obtienne une bande de tissu dans son élasticité car même le coton tissé est étirable dans ce sens là.
Cela permettra au biais de bien suivre les courbes.
Bien sûr, on peut l’acheter “tout prêt” dans les boutiques de tissu, mais lorsque l’on veut un coloris spécial (ou lorsque l’on est en confinement), on peut aussi le faire soi-même.
Je couds d’abord le biais sur le bas de la petite pièce du devant.
Cette pièce sera pressionnée pour permettre l’ouverture facile de la barboteuse.
Mais je vais un peu vite là !
Parce qu’un biais, ça ne se pose pas “comme ça”.
Je vais vous le montrer pour la suite.
Une fois que le biais est posé sur la 1ère pièce, je couds les épaules de la barboteuse (bouts d’épaule des pièces de devant avec les bouts d’épaule de la pièce du dos.
Une fois ces 3 pièces cousues ensemble, j’ouvre le vêtement pour poser le biais qui fera l’encolure de la barboteuse, et comme vous le voyez, je n’hésite pas à mettre quelques pinces.
Pourquoi toutes ces pinces ?
Vous vous rappelez tout à l’heure quand je vous ai dit que les vêtements bébé c’est de la patience et de la minutie ? 🙂
Une fois tout épinglé, je passe à la couture, tout le long de l’encolure de mon biais.
Lorsque la couture est faite, on retourne le biais et on ré-épingle afin de créer “l’enroulé”
Et on repasse à la machine afin de finaliser la couture.
Et voilà, le biais de l’encolure est posé et terminé !
Les coutures de côtés
Je retourne les pièces de la barboteuse, les 2 pièces du devant sur la pièce du dos afin de coudre les cotés à la surjeteuse pour les surfiler.
Je n’oublie pas d’insérer dans mes coutures l’étiquette de marque Pikiboo et l’étiquette de composition.
A savoir : l’étiquetage est obligatoire pour tout article vendu textile et habillement.
Les créateurs indépendants ont les même obligations que les industriels.
Si vous connaissez des couturières indépendantes qui n’étiquettent pas leurs produits, n’hésitez pas à les en informer. Elles risquent de grosses amendes en cas de contrôles…
Le non respect des normes enfantines est aussi fortement sanctionné.
Ces normes telle que la norme NF EN 1468, servent à s’assurer de la sécurité de vos enfants, elles sont primordiales.
Il existe également beaucoup de normes dans tout ce qui concerne les articles de puériculture (jouets, peluches, tapis de sol, anneaux de dentition, attache-sucette doivent passer des tests et avoir le marquage CE).
Vous comprendrez mieux pourquoi j’évite les frivolités (lacets, perles, strass, cordons, boutons rigolos…) sur les vêtements Pikiboo.
Ces accessoires sont facilement hors normes pour les vêtements bébé et enfant et je fais de la sécurité une règle ultime.
Les manchettes
Revenons à nos moutons…
Après avoir cousu les cotés, je prépare mes manchettes en faisant un joli roulotté sur la bordure.
Cette fois, j’ai choisi de faire le roulotté un peu plus “aéré” afin de lier le rose fushia du fil avec les couleurs du tissu que l’on voit encore en dessous.
Et oui, la joie du fait main, c’est aussi de pouvoir faire des articles avec quelques petites différences. Des difrérences qui rendra votre pièce unique 🙂
Une fois le roulotté réalisé, je passe à la machine à coudre pour faire les fronces qui orneront les épaules.
Lorsque les fronces sont faites, j’épingle les manches sur la barboteuse.
Je passe à la machine pour attacher les pièces ensemble.
Les manches sont maintenant reliées à la barboteuse, mais les bords intérieurs sont encore “bruts”.
On va réaliser une finition soignée en posant un biais tout autour des emmanchures.
Et c’est reparti !
On maintient le biais à l’aide de pinces tout autour de la toute petite manchette en faisant bien attention de placer les bouts de biais correctement afin de réaliser une future jointure bien propre.
On passe à la machine tout le long du biais.
J’ai fait la couture avec du fil blanc pour que vous puissiez le voir, mais lui, il ne se verra pas sur le vêtement final, ne vous inquiétez pas.
Une fois la 1ère couture du biais réalisée, on retourne le biais à l’intérieur du vêtement afin de le coudre à l’intérieur.
Les bords bruts des emmanchures ont disparu pour laisser place à une jolie finition bien propre.
Le haut de la barboteuse est maintenant terminé (il restera juste à poser les 3 pressions qui permettront sa fermeture).
Attaquons-nous maintenant au bas de la barboteuse.
Le bas de la barboteuse
Je couds tout d’abord les 2 empiècements qui serviront à ouvrir et fermer la barboteuse par le bas, pour faciliter le changement de la couche par exemple.
Une fois que ces 2 pièces de tissu sont cousues, j’attrape les 2 morceaux de biais que j’ai préparés afin de faire les finitions des jambes.
Et on épingle pour bien maintenir le biais tout le long des deux jambes.
J’ai un stock de pinces hallucinant, on comprend facilement pourquoi ! Il en faut des pinces pour maintenir tout ça ! 😉
On passe à la machine, et le 1er côté du biais est posé.
Une fois cousus, on retourne les 2 biais sur eux-mêmes et on réalise une jolie couture tout du long afin de terminer la barboteuse.
Et voilà, après plus de 3h30 de travail, notre petite barboteuse “Pois Plume” est quasiment terminée.
Il me restera à rajouter les pressions sur l’encolure et le bas avant de la passer au lavage en machine (30°, sur l’envers, dans son sac de lavage).
Elle sera prête à être vendue une fois repassée 🙂
Je vous dis tout
Si j’ai pris le temps de vous raconter tout cela, c’est parce qu’il est important pour moi que vous compreniez ce que vous achetez lorsque vous faites une commande d’un produit fait main.
Vous avez trouvé ça long ?
C’est normal, cette barboteuse, c’est plus de 4 heures de travail au final, et dites vous que j’ai sauté quelques étapes dans mon récit (changement de couleur de fil, changement d’aiguilles selon les épaisseurs, repassage du biais pour marquer les plis, nettoyage de la machine…)
Et bien cette barboteuse à volants est mise à la vente à 45 € jusqu’en 18 mois (+4 € jusqu’à 3 ans) et si elle vous plait, vous pouvez la retrouver ici.
Sur ces 45 €, il y a :
- le coût de mes fournitures (tissus, fil, biais, pressions et autre… selon les créations)
- je paierai sur cette somme environ 15 % ou 25% (si personnalisation) de cotisations et taxes diverses à l’URSSAF
- j’en prendrai un petit bout pour payer mon assurance professionnelle
- un autre petit bout pour l’amortissement de mon matériel (machine à coudre, surjeteuse, recouvreuse, mais aussi tout le reste)
- un dernier bout pour mes charges et frais de fonctionnement
Parce que ne l’oublions pas, les créateurs travaillent avec passion, mais ce sont avant tout des entreprises.
Ce qu’il restera une fois toutes les charges enlevées de ces 45 € sera “mon salaire” (ou plutôt ma rémunération) pour 4 heures de travail effectif.
4 heures qui n’incluent pas les heures de recherche des tissus, réalisation des toiles… pour aboutir à ce résultat.
Quelques remarques que j’ai déjà entendues et auxquelles je vais répondre ici :
- “Oui mais il n’y a vraiment pas beaucoup de tissu dans un vêtement pour bébé”
- “Si vous utilisez le double de tissu dans les “grandes” tailles, pourquoi ne sont-elles pas 2 fois plus cher alors ?”
- “C’est très joli mais c’est un peu cher”
Oui c’est vrai, il n’y a pas toujours beaucoup de tissu dans les vêtements bébé.
Et oui, il est aussi vrai que les tailles 2, 3, 4 ans nécessite bien plus de tissu qu’une taille 3 mois.
Mais lorsque vous achetez un article créateur (vêtement, mais ça marche aussi pour un sac, une poterie, un bijou, une carte postale…), vous achetez avant tout un savoir-faire.
Vous achetez un article qui sera une pièce unique ou seulement réalisée en toute petite série que vous serez le seul (ou presque) à avoir.
Vous achetez des valeurs, un amour du travail bien fait.
Vous achetez des heures de travail, parce que même si le créateur fait ce qu’il fait avec passion, il a aussi besoin de vivre de son travail.
Parce qu’aussi plaisant que ça puisse paraître, c’est un travail.
Je n’ai pas écrit cet article pour me faire plaindre ou attirer la compassion, surtout pas.
Je tends seulement à expliquer ce que je fais et comment je le fais.
Mon métier, je l’ai choisi, je l’aime et je n’en changerai pour rien au monde !
Et cette réalité n’est pas que la mienne mais celles de milliers de créateurs et d’artisans.
Nous travaillons de nombreuses heures pour arriver à en vivre. Oui, elle est là la vérité.
Mais quel bonheur de créer pour votre plaisir !
Il y a une âme dans nos créations. Notre âme, nos valeurs, nos convictions, notre désir du travail bien fait.
Lorsque vous partez avec l’une de nos créations, vous savez maintenant pourquoi vous partez avec un bout de notre cœur ❤️
Alors ne comparons plus jamais une création fait main avec un article industriel.
Ils peuvent avoir la même utilité, ils n’auront jamais la même valeur, et vous saurez expliquer pourquoi autour de vous.
Nous avons besoin de vous pour transmettre ce beau message.
Nous avons besoin de vous pour valoriser le “fabriqué en France”, le travail artisanal.
Et vous le faites si bien que je tiens à vous dire MERCI.
Merci à mes clients pour leur soutien et leur fidélité, merci à mes proches de me soutenir dans cette belle aventure qu’est devenue ma vie avec Pikiboo.
A bientôt je l’espère,
Mélanie,
Créatrice de Pikiboo
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